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Marquée par des phénomènes extrêmes record, 2017 est en passe de figurer au palmarès des trois années les plus chaudes

Un rapport de l'OMM met en évidence les répercussions sur la santé humaine, la qualité de vie et l'environnement

6 novembre 2017 (OMM) – Il est fort probable que l'année 2017, marquée par de nombreux phénomènes à fort impact parmi lesquels des ouragans et des inondations catastrophiques ainsi que des vagues de chaleur et des sécheresses particulièrement néfastes, se classera parmi les trois années les plus chaudes jamais constatées. L'accroissement des concentrations de dioxyde de carbone, la hausse du niveau de la mer et l'acidification des océans, entre autres indicateurs du changement climatique, se poursuivent sans relâche. L'étendue de la banquise de l'Arctique demeure inférieure à la normale tandis qu'en Antarctique, l'étendue de la banquise, qui était stable auparavant, affichait un minimum record ou quasi record.

D'après la déclaration provisoire de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) sur l'état du climat mondial, la température moyenne à la surface du globe pour les neuf premiers mois de l'année dépassait de quelque 1,1 °C celle de l'époque préindustrielle. Sous l'effet d'un puissant Niño, 2016 devrait conserver son statut d'année la plus chaude, 2015 et 2017 se disputant la deuxième et la troisième places. Enfin, les années 2013 à 2017 sont bien parties pour constituer la période de cinq ans la plus chaude jamais enregistrée.

La déclaration provisoire de l'OMM sur le climat, qui couvre les mois de janvier à septembre, a été publiée le jour de l'ouverture, à Bonn, de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques. Se fondant sur les renseignements communiqués par un large éventail d'organismes onusiens, elle fait état des conséquences du changement climatique pour la société, l'économie et l'environnement et s'inscrit dans le cadre d'un projet, conçu à l'échelle du système des Nations Unies, visant à fournir aux décideurs des informations plus complètes, de nature à orienter les politiques, sur les interactions entre les thématiques du temps, de l'eau et du climat et les objectifs mondiaux fixés dans le cadre des Nations Unies.

«Les trois dernières années sont les plus chaudes qui aient jamais été enregistrées et s'inscrivent dans la tendance au réchauffement à long terme de la planète», a déclaré le Secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas. «Nous avons assisté à des conditions météorologiques exceptionnelles, par exemple des pics de température à plus de 50 °C en Asie, des ouragans d'une intensité record dans les Caraïbes et dans l'Atlantique qui ont atteint l'Irlande, des inondations dévastatrices causées par la mousson et frappant des millions de personnes, ou bien encore une terrible sécheresse en Afrique de l'Est.»

«Nombre de ces phénomènes – des études scientifiques approfondies en révéleront le chiffre exact – portent indiscutablement la marque du changement climatique causé par l'augmentation des concentrations de gaz à effet de serre engendrés par les activités humaines», a-t-il ajouté.

«Tout cela met en lumière les menaces croissantes qui pèsent sur les populations, l'économie des pays et même sur les mécanismes de la vie sur Terre, si notre action ne devait pas être à la hauteur des objectifs et des ambitions incarnés par l'Accord de Paris», a fait valoir Patricia Espinosa, Secrétaire exécutive de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui accueille la conférence de Bonn.

«Une dynamique sans précédent et très réjouissante s'est créée au sein des gouvernements mais aussi dans les villes, les États, les territoires, les régions, les entreprises et la société civile», a-t-elle poursuivi. «La conférence de Bonn devra servir de tremplin à tous les pays et à tous les secteurs de la société, qui seront appelés à revoir à la hausse leurs ambitions pour le climat, à déminer l'avenir de la planète et à saisir toutes les occasions offertes par une conception originale et visionnaire du développement durable.»

Les phénomènes extrêmes ont une incidence sur la sécurité alimentaire de millions d'êtres humains, en particulier parmi les plus vulnérables. Une étude de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) a révélé que dans les pays en développement, 26 % des pertes et préjudices causés par les tempêtes, les inondations et les sécheresses d'échelle moyenne à grande concernaient l'agriculture, l'élevage, la pêche, l'aquaculture et la foresterie.

D'après l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), l'impact des vagues de chaleur sur la santé, à l'échelle du globe, dépend non seulement de la tendance générale au réchauffement mais aussi de leur distribution entre les zones habitées. Des études récentes démontrent que le risque global de maladie ou de décès lié à la chaleur s'est accru régulièrement depuis 1980, et qu'environ 30 % de la population mondiale vit désormais dans des régions climatiques sujettes à des vagues prolongées de chaleur extrême. Le nombre de personnes exposées aux vagues de chaleur a augmenté de quelque 125 millions entre 2000 et 2016.

En 2016, 23,5 millions de personnes ont été déplacées du fait de catastrophes d'origine météorologique. Comme les années précédentes, ces déplacements de population internes étaient liés pour la plupart à des tempêtes ou à des inondations et concernaient la région Asie‑Pacifique. En Somalie, plus de 760 000 déplacés internes ont été recensés, comme l'a indiqué le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés.

Il ressort de la dernière édition des «Perspectives de l'économie mondiale» du Fonds monétaire international (FMI) que les conséquences néfastes du changement climatique sont observées principalement dans les pays à climat relativement chaud, où se concentre aujourd'hui près de 60 % de la population mondiale.

Quelques faits marquants

Températures

La température moyenne à la surface du globe pour la période janvier-septembre 2017 était supérieure de 0,47 °C ± 0,08 °C à la normale des années 1981-2010 (estimée à 14,31 °C), soit un accroissement de quelque 1,1 °C depuis l'époque préindustrielle. Certaines régions – dont l'Italie – d'Europe méridionale, l'Afrique du Nord, une partie de l'Afrique orientale et australe ainsi que la Russie d'Asie ont connu une température moyenne record pour la période considérée, tandis qu'en Chine la température moyenne se classait là aussi au premier rang des plus élevées, mais à égalité avec une année antérieure. En revanche, le nord-ouest des États-Unis et l'ouest du Canada ont affiché une température moyenne inférieure à la normale de la période 1981-2010.

Les températures en 2016 et, dans une moindre mesure, en 2015, avaient été poussées à la hausse par un phénomène El Niño exceptionnellement puissant. On relèvera que 2017 est en passe de décrocher le record de l'année sans Niño la plus chaude qui ait été enregistrée. La moyenne provisoire de la période 2013-2017 dépasse de 0,40 °C la normale de la période 1981-2010 et d'environ 1,03 °C les valeurs préindustrielles. Ce devrait être la période de cinq ans la plus chaude jamais constatée.

La déclaration sur le climat est établie à partir de cinq jeux mondiaux de données de température tenus à jour indépendamment les uns des autres. L'OMM utilise désormais comme référence la période 1981-2010 – contre 1961-1990 précédemment –, qui est plus représentative des conditions climatiques actuelles et permet de tenir compte de façon plus systématique des données provenant de systèmes satellitaires et de réanalyse (dont certains ne peuvent remonter jusqu'à 1960), en plus de celles, plus traditionnelles, qui sont recueillies en surface. Le changement de la période de référence n'a pas d'incidence sur l'analyse des tendances.

Précipitations

Le sud de l'Amérique du Sud (notamment l'Argentine), l'ouest de la Chine et certaines régions de l'Asie du Sud-Est ont connu des précipitations supérieures à la normale. La période qui va de janvier à septembre a battu tous les records de précipitations dans la partie continentale des États-Unis, hormis l'Alaska. Généralement proche de la moyenne au Brésil, la hauteur de pluie a avoisiné ou dépassé la normale dans le nord-ouest de l'Amérique du Sud et en Amérique centrale, atténuant ainsi les effets de la sécheresse causé par l'épisode El Niño 2015/16. Un peu partout au Sahel, la saison des pluies de 2017 a été plus active que la normale, causant des inondations par endroits (en particulier au Niger).

Sur l'ensemble de l'Inde, les pluies associées à la saison de la mousson (juin à septembre) ont accusé un déficit de 5 % par rapport à la normale. Dans le nord-est et les pays adjacents en revanche, des précipitations excédentaires ont entraîné des inondations de grande ampleur.

Les Prairies canadiennes, la région méditerranéenne, la Somalie, la Mongolie, le Gabon et le sud-ouest de l'Afrique du Sud ont enregistré des précipitations inférieures à la normale. En Italie, la période janvier-septembre a été la plus sèche jamais constatée.

Neige et glace

L'étendue de la banquise arctique a été bien inférieure à la normale pendant toute la période considérée, affichant même, entre janvier et avril, des minima record pour cette période de l'année, d'après le Centre national américain de données sur la neige et la glace (NSIDC) et le service Copernicus de surveillance du changement climatique. Le maximum saisonnier de la banquise arctique, atteint début mars, fait partie des cinq plus faibles qui aient été observés par satellite depuis 1979, et constitue même le plus faible si l'on se réfère aux données du NSIDC. Les cinq maximums saisonniers les plus faibles sont tous postérieurs à 2005.

Un puissant système de basses pressions bien campé sur l'Arctique central a contribué à limiter la perte de glace durant les mois d'été. Le minimum saisonnier de la banquise arctique, vers la mi-septembre, accusait un déficit de 25 à 31 % par rapport à la normale de la période 1981-2010, et faisait partie des huit minimums saisonniers les plus faibles jamais constatés. Les dix plus faibles sont tous postérieurs à 2006.

L'étendue de la banquise antarctique était elle aussi bien inférieure à la normale. Le minimum saisonnier, au début du mois de mars, était le plus faible jamais constaté, et le maximum saisonnier, atteint à la mi-octobre, était lui aussi le plus faible ou proche des plus faibles jamais observés. L'état des glaces de mer dans l'Antarctique a beaucoup varié ces dernières années, l'étendue de la banquise ayant atteint un maximum record il y a à peine deux ans.

L'étendue moyenne du manteau neigeux dans l'hémisphère Nord était de 10,54 millions de km2, ce qui est proche de la valeur médiane constatée pour la période d'observations satellitaires 1967-2017.

L'inlandsis groenlandais a enregistré un gain de glace de plus de 40 milliards de tonnes dû à des chutes de neige supérieures à la normale et à une courte saison de fonte. Cette augmentation globale de la masse glaciaire ne représente toutefois qu'une petite exception dans la tendance générale à la baisse, l'inlandsis du Groenland ayant perdu environ 3 600 milliards de tonnes de glace depuis 2002.

Niveau de la mer

Le niveau moyen de la mer à l’échelle de la planète est l’un des meilleurs indicateurs du changement climatique. Jusqu’à présent, il a été relativement stable en 2017, s’établissant à des niveaux semblables à ceux atteints pour la première fois à la fin de l’année 2015, du fait, d’une part, que l’influence temporaire de l’épisode El Niño de 2015-16 continue de se faire sentir (épisode pendant lequel le niveau moyen de la mer a atteint, au début de 2016, une valeur maximale supérieure d’environ 10 millimètres à la moyenne des années 2004-2015) et, d’autre part, qu’il revient à des valeurs plus proches de la normale. Selon les premières données, ce niveau pourrait avoir recommencé à augmenter à partir des mois de juillet et août 2017.

Contenu thermique de l’océan

La température moyenne à la surface des océans est en voie de figurer parmi les trois valeurs les plus élevées jamais enregistrées. Jusqu’à présent, en 2017, le contenu thermique de l’océan à l’échelle du globe a atteint des valeurs record ou s’en est approché. Le réchauffement des mers tropicales en surface, qui contribue au blanchissement du corail, n’a pas été d’aussi grande ampleur que lors de l’épisode El Niño de 2015-16. Mais un blanchissement important n’en a pas moins été observé, notamment dans la région de la Grande barrière de corail, en Australie. En juin, l’UNESCO a signalé qu’à l’exception de trois d’entre eux, les 29 récifs coralliens classés au patrimoine de l’humanité avaient été confrontés à des températures susceptibles d’entraîner leur blanchissement à un moment ou un autre entre 2014 et 2017.

Acidification de l’océan

L'océan absorbe jusqu'à 30 % des émissions atmosphériques annuelles de CO2 d’origine anthropique, ce qui contribue à atténuer les effets du changement climatique sur la planète. Mais le prix payé par l’environnement est élevé, car le CO2 absorbé modifie le taux d'acidité de l'océan. Depuis que la station d'Aloha (au nord d'Hawaï) a commencé à effectuer des relevés, à la fin des années 1980, le pH de l'eau de mer a progressivement baissé, passant de valeurs supérieures à 8,10 au début des années 1980 à des valeurs comprises entre 8,04 et 8,09 ces cinq dernières années.

L’acidification de l’océan a des conséquences directes sur la santé des récifs coralliens et sur la survie et la calcification de plusieurs organismes primordiaux, ce qui a des répercussions sur la chaîne alimentaire, ainsi que sur l’aquaculture et l’économie des zones côtières.

Gaz à effet de serre

Le taux d’accroissement du CO2 entre 2015 et 2016 était le plus élevé jamais enregistré (3,3 parties par million/an), ce qui a débouché sur une teneur moyenne en CO2 à l’échelle du globe de 403,3 parties par million. La moyenne mondiale pour 2017 ne sera disponible qu’à la fin de l’année 2018. Selon les données obtenues en temps réel pour un certain nombre de sites, la hausse des concentrations de CO2, de méthane et de protoxyde d’azote s’est poursuivie en 2017.

Phénomènes extrêmes et impacts

Cyclones tropicaux

La saison cyclonique a été très active dans l’Atlantique Nord. L’énergie cyclonique cumulée (ACE), qui sert à exprimer l’intensité globale et la durée d’un cyclone, a atteint, en septembre, la valeur mensuelle la plus élevée jamais constatée.

Trois grands ouragans à fort impact se sont suivis de près dans le bassin de l’Atlantique Nord, Harvey, qui a évolué en août, ayant cédé la place à Irma et Maria en septembre. Harvey a atterri au Texas alors qu’il était classé en catégorie 4 et est demeuré à proximité des côtes pendant plusieurs jours, provoquant des précipitations extrêmes et de graves inondations. Un pluviomètre installé près de Nederland, au Texas, a enregistré un cumul de pluie sur sept jours de 1539 mm (chiffre provisoire), soit la valeur la plus élevée jamais recensée pour un phénomène donné aux États-Unis (hors États insulaires).

Irma et Maria ont tous deux atteint une intensité de catégorie 5 et fait des ravages sur plusieurs îles des Caraïbes et – pour ce qui est d’Irma – en Floride. Au milieu du mois d’octobre, Ophelia est passé au stade d’ouragan majeur (catégorie 3) alors qu’il était situé plus au nord–est, de plus d’un millier de kilomètres, que tous les ouragans jamais observés dans l’Atlantique Nord. Il a entraîné des dommages considérables en Irlande, tandis que les vents associés ont attisé de graves incendies au Portugal et dans le nord-ouest de l’Espagne.

Selon l’équipe d’experts de l’OMM chargée des incidences du climat sur les cyclones tropicaux, même s’il n’existe pas de preuve manifeste que les changements climatiques ont une incidence sur la fréquence des ouragans qui se déplacent lentement et atteignent les zones habitées, tels que Harvey, tout semble indiquer que les changements climatiques dus aux activités humaines sont responsables d’une intensification des pluies et que l’élévation du niveau de la mer observée actuellement exacerbe les conséquences des ondes de tempête.

Inondations

Au mois d’août, des précipitations exceptionnellement fortes ont entraîné un glissement de terrain à Freetown, en Sierra Leone, faisant plus de 500 victimes. En deux semaines, la capitale a enregistré 1459,2 mm de pluie, soit environ le quadruple de la normale. En avril, à Mocoa, dans le sud de la Colombie, un glissement de terrain causé en partie par de fortes précipitations a fait au moins 273 victimes.

De nombreuses régions du sous-continent indien ont été frappées par des inondations dues à la mousson, alors que globalement, la pluviosité saisonnière était proche de la normale. L’inondation la plus grave a touché, à la mi-août, l’est du Népal, le nord du Bangladesh, ainsi que la région limitrophe du nord de l’Inde. La ville indienne de Mawsynram a enregistré plus de 1 400 mm entre le 9 et le 12 août. À Rangpur (Bangladesh), les 11 et 12 août, il est tombé l’équivalent d’un mois de pluie (360 mm). Ces inondations ont fait plus de 1 200 victimes en Inde, au Bangladesh et au Népal, et plus de 40 millions de personnes déplacées ou sinistrées. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, au Bangladesh, plus de 13 000 cas de maladies d’origine hydrique et d’infections respiratoires ont été signalés en l’espace de trois semaines au mois d’août, et au Népal, les établissements de santé publique ont subi des dégâts considérables.

En mars, de nombreuses régions du Pérou ont été touchées par des inondations qui ont fait 75 victimes et 70 000 sans-abris. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les pertes de récoltes ont été massives, en particulier pour ce qui est du maïs. En général, le Pérou subit ce type d’inondations lors de la dernière phase d’un épisode El Niño. Aucun épisode El Niño n’a été observé dans le bassin du Pacifique en 2017, mais la température de surface de la mer à proximité des côtes péruviennes en mars était supérieure de 2 °C ou plus à la normale et donc semblable aux valeurs caractéristiques d’un épisode El Niño.

Au milieu de l’année, certaines régions du sud de la Chine ont dû faire face à de graves inondations, en particulier dans le bassin du Yang-Tsé. Le cumul de précipitations entre le 29 juin et le 2 juillet a atteint 250 mm. Cinquante-six victimes ont été signalées et les pertes économiques se chiffrent à plus de 5 milliards de dollars.

Aux mois de janvier et de février, de fortes précipitations sont tombées sur l’ouest des États‑Unis, entraînant de graves inondations, de nombreux glissements de terrain et l’évacuation de dizaines de milliers de personnes. Le Nevada a connu l’hiver le plus humide depuis le début des relevés, alors que pour la Californie, cet hiver se place au deuxième rang des plus humides.

Sécheresse

Certaines régions d’Afrique de l’Est continuent d’être confrontées à une grave sécheresse. Après des précipitations nettement inférieures à la normale en 2016, la grande saison des pluies (mars à mai) a également été déficitaire en 2017 dans de nombreuses régions de la Somalie, la moitié nord du Kenya et le sud-est de l’Éthiopie.

Selon la FAO, en Somalie, en juin 2017, plus de la moitié des terres arables était touchée par la sécheresse, et le cheptel a diminué de 40 à 60 % depuis décembre 2016. Selon les estimations du Programme alimentaire mondial (PAM), le nombre de personnes menacées par la famine en Somalie a doublé depuis février 2017, s’établissant à 800 000, ce qui signifie que la moitié du pays a besoin d’une aide. Le PAM a confirmé que plus de 11 millions de personnes faisaient face à une grave insécurité alimentaire en Somalie, en Éthiopie et au Kenya.

De novembre 2016 à la mi-juin 2017, plus de 760 000 déplacements internes dus à la sécheresse ont été enregistrés en Somalie par le Réseau pour la surveillance des retours et des dispositifs de protection (PRMN), qui relève du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

La sécheresse de 2017 a été déclarée catastrophe nationale au Kenya. Nairobi a fait face à des pénuries d’eau qui ont forcé les autorités municipales à rationner l’eau, alors que le prix des céréales s’envolait et que le PIB en souffrait.

En Afrique australe, un été plus humide que la normale a atténué les répercussions de la sécheresse, bien que celle-ci se soit intensifiée dans la province du Cap.

Au début de l’année 2017, en Californie, de fortes pluies hivernales ont atténué les effets de la sécheresse persistante, mais ont entraîné des inondations et contribué à la croissance de la végétation, ce qui a pu aggraver les incendies de forêt qui se sont déclarés plus tard dans l’année.

De nombreuses régions méditerranéennes ont fait face à un déficit hydrique. La sécheresse la plus grave a sévi en Italie, dont la production agricole a souffert et où la production d’huile d’olive a baissé de 62 % par rapport à 2016. Moyennées sur l’ensemble du territoire italien de janvier à août 2017, les précipitations ont été inférieures de 36 % à la normale. En outre, la période janvier-août est la plus chaude que le pays ait connue depuis le début des relevés, l’anomalie positive atteignant 1,31 °C par rapport à la moyenne de la période 1981-2010. De nombreuses régions d’Espagne et du Portugal ont également été touchées par la sécheresse.

En République populaire démocratique de Corée, les précipitations étaient inférieures à la normale, ce qui a eu des répercussions sur les cultures de base telles que le riz paddy et le maïs. En République de Corée, de janvier à juin, les précipitations ont été inférieures de 51 % à la normale, soit les valeurs les plus faibles depuis le début des relevés nationaux, en 1973.

Grandes vagues de chaleur

En janvier, une intense canicule a sévi dans certaines régions d’Amérique du Sud. Au Chili, des records de chaleur ont été battus à maints endroits, notamment à Santiago (37,4 °C). Le 27 janvier, à Puerto Madryn (Argentine), on a relevé 43,5 °C, soit la température la plus élevée jamais enregistrée aussi au sud (43° S) de la planète.

Une grande partie de l’est de l’Australie a connu une chaleur extrême pendant les deux premiers mois de l’année, avec un pic de 47 °C les 11 et 12 février.

Une chaleur exceptionnelle a frappé certaines régions de l’Asie du Sud-Ouest fin mai. Le 28 mai, le mercure a atteint 54,0 °C à Turbat, dans l’extrême ouest du Pakistan, près de la frontière iranienne, et a dépassé 50 °C en Iran et à Oman. On a relevé 53,7 °C à Ahvaz (Iran), le 29 juin. À Bahreïn, le mois d’août a été le plus chaud jamais enregistré.

Pendant l’été, la ville de Shanghai (Chine) et l’observatoire de Hong Kong ont signalé de nouveaux records de chaleur: 40,9 °C et 36,6 °C, respectivement.

Dans le sud de l’Espagne, le thermomètre affichait 46,9 °C à Cordoue le 12 juillet et 45,7 °C à Grenade le lendemain. Une vague de chaleur de grande ampleur a fait tomber des records de température dans le nord et le centre de l’Italie, en Croatie et dans le sud de la France début août.

La Californie a vécu l’été le plus chaud de son histoire. D’autres États de l’ouest des États-Unis ont également souffert d’une chaleur extrême, laquelle a atteint son paroxysme fin août-début septembre, avec notamment une température record de 41,1 °C à San Francisco.

Feux incontrôlés

La chaleur extrême et la sécheresse ont été responsables de nombreux incendies de forêt dévastateurs.

La sécheresse exceptionnelle de 2016, suivie d’un épisode de chaleur extrême en décembre 2016‑janvier 2017, a occasionné au cours de l’été austral 2016‑2017 les feux de forêt les plus importants de l’histoire du Chili. Ces feux ont causé la mort de 11 personnes et détruit 614 000 hectares de forêt, soit de loin le total saisonnier le plus élevé, avec des chiffres huit fois supérieurs à la normale. Toujours pendant l’été austral, diverses régions de l’est de l’Australie ainsi que la région de Christchurch (Nouvelle‑Zélande) ont été la proie de vastes incendies. La ville de Knysna, au sud de l’Afrique du Sud, a été elle aussi durement touchée par des incendies en juin.

Dans le bassin méditerranéen, la saison des feux de forêt a été très intense. L’incendie le plus grave a coûté la vie à 64 personnes dans le centre du Portugal, en juin. Mi-octobre, de nouveaux incendies de grande ampleur, attisés par les vents violents de l’ouragan Ophelia, se sont déclarés au Portugal et dans le nord-ouest de l’Espagne. D’autres pays ont connu des incendies importants, notamment la Croatie, l’Italie et la France.

Entre le 1er janvier et le 19 octobre, la superficie brûlée dans la partie continentale des États‑Unis (hormis l’Alaska) était supérieure de 46 % à la moyenne de la période 2007-2016. Au Canada, elle était supérieure de 51 % à la moyenne saisonnière, ce qui a engendré une pollution considérable par la fumée. Dans le nord de la Californie, l’hiver humide, propice à une forte densification de la végétation au sol, puis l’été chaud et sec ont créé les conditions idéales pour le déclenchement d’incendies très intenses début octobre. Ces incendies ont causé la mort d’au moins 41 personnes et sont ainsi les plus meurtriers que les États-Unis aient connus depuis 1918.

Autres faits saillants

En juillet, une vague de froid intense accompagnée de fortes chutes de neige s’est abattue sur certaines régions de l’Argentine. À Bariloche, après les abondantes chutes de neige de la veille, le mercure a chuté à –25,4 °C le 16 juillet, soit 4,3 °C de moins que le précédent record de froid. Des records de froid ont également été enregistrés dans la région du Golfe, au Moyen‑Orient, début février, et dans le sud-est de l’Australie, à l’intérieur des terres, au début du mois de juillet. Les –8,7 °C relevés alors à Canberra détrônent le précédent record, qui date de 1971.

Aux États-Unis, la saison des tornades est la plus active que le pays ait connue depuis 2011, avec un total préliminaire de 1 321 tornades pour la période de janvier-août. Le nombre de tornades enregistrées en janvier était le deuxième plus élevé jamais observé.

L’Organisation météorologique mondiale (OMM) est l’organisme des Nations Unies qui fait autorité pour les questions relatives au temps, au climat et à l’eau.

Pour de plus amples renseignements, veuillez prendre contact avec:

Clare Nullis, Attachée de presse (présente à Bonn à partir du 6/11/17): Tél: +41 22 730 84 78; Tél port.: +41 79 709 13 97 courriel: cnullis@wmo.int
Michael Williams, Chef du Bureau de la Communication et des relations publiques (à Genève): Tél: +41 22 730 83 15; Tél port.: +41 79 406 47 30, courriel: mwilliams@wmo.int

Notes à l’intention des rédacteurs
Pour les températures de surface, l’OMM utilise trois jeux de données traditionnels: NOAAGlobalTemp, de l’Administration américaine pour les océans et l'atmosphère (NOAA), HadCRUT.4.6.0.0, du Centre Hadley du Service météorologique britannique et de la Section de recherche sur le climat de l’Université d’East Anglia (Royaume-Uni), et GISTEMP, produit par le Goddard Institute for Space Studies (GISS), qui relève de l’Administration américaine pour l’aéronautique et l’espace (NASA). Pour permettre l’estimation des températures mondiales, ces jeux de données se fondent sur des mesures de la température de l’air à la surface des terres et de la température de l’eau à la surface des océans.

L’OMM utilise également deux réanalyses qui s’appuient sur une gamme de données bien plus large, y compris des mesures satellitaires. Ces données sont combinées à l’aide d’un système de prévision météorologique afin d’obtenir une estimation complète et physiquement cohérente des températures de surface de chaque journée à l’échelle planétaire. Ainsi, il est possible d’obtenir une meilleure couverture dans les régions pour lesquelles les données sont traditionnellement rares, comme les régions polaires. Ces deux réanalyses sont ERA-Interim, du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme, et JRA-55, du Service météorologique japonais. Malgré la grande différence de méthode, les estimations de la température moyenne mondiale produites par ces réanalyses présentent une bonne concordance avec les jeux de données classiques.

La déclaration sur le climat utilise désormais comme référence la période 1981‑2010, et non plus la période 1961-1990 comme précédemment. L’OMM recommande d’utiliser la période 1981-2010 pour calculer les normales climatologiques standard à des fins de surveillance du climat car elle est plus représentative des conditions climatiques actuelles. En effet, elle permet d’exploiter tant les données de systèmes satellitaires et de réanalyse, dont certains ne peuvent remonter jusqu’à 1960, que les jeux de données traditionnels, reposant sur les observations de surface, et d’obtenir des résultats uniformes. La température moyenne pour cette période est supérieure d’environ 0,31±0,02 °C à celle de 1961-1990. Le changement de période de référence n’a aucune incidence sur l’analyse des tendances.

Dans sa déclaration sur le climat, l’OMM utilise la période 1880-1900 comme référence pour les conditions prévalant à l’époque préindustrielle, ce qui permet de tirer parti des premières observations instrumentales pour estimer la température à cette époque-là.

Les informations figurant dans le présent rapport proviennent d’un grand nombre de Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN) et d’organismes apparentés, ainsi que du Programme mondial de recherche sur le climat (PMRC) et de la Veille de l'atmosphère globale (VAG). Des renseignements ont également été fournis par plusieurs autres organismes des Nations Unies, dont l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Haut‑Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le Fonds monétaire international (FMI), la Stratégie internationale des Nations Unies pour la prévention des catastrophes (SIPC) et la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’UNESCO.